Des robots-poissons détecteurs de pollution dans les ports

Dans le port de Gijón, en Espagne, un robot autonome qui prend la forme d’un poisson en plastique jaune, un nouveau détecteur de pollution marine, est expérimenté par une équipe de chercheurs. Pour Luc Speller, scientifique et directeur du projet européen SHOAL, qui associe universités, entreprises et les ports de Gijón, institutions qui ont uni leurs savoir-faire afin que le concept devienne une réalité, « avec ces poissons, nous pouvons trouver exactement qu’elle est la cause de la pollution et y mettre un terme immédiatement ».

Poissons robots pour la détection de pollution dans les ports

Des plongeurs aux robots

Dans le port de Gijón, ce sont actuellement des plongeurs qui surveillent la qualité de l’eau. C’est un long processus coûtant plus de 100 000 euros, qui demande le prélèvement de centaines d’échantillons d’eau à plusieurs endroits du port ; échantillons qui sont ensuite envoyés à des laboratoires pour analyse, les résultats revenant des semaines plus tard. C’est pour éviter ces délais d’attente que le robot SHOAL est développé.

Encore à l’état de prototype, ce poisson robotisé et parfaitement autonome, surveille en permanence l’eau du port, permettant aux scientifiques de travailler sur des réponses immédiates aux causes des pollutions, tels « un bateau qui fuit ou un déversement industriel ». Ceci assure aux chercheurs la possibilité de travailler à atténuer les effets de ces pollutions.

Prototype et performance

D’une longueur d’1,5 mètre, le poisson SHOAL est, de forme et de taille, comparable à un thon, toutefois sa coque en plastique jaune permet de ne pas le confondre avec ses « congénères » vivants. Il dispose d’une large gamme de capteurs chimiques embarqués, détectant le plomb, le cuivre et d’autres polluants industriels, il est également capable de mesurer la salinité de l’eau. Le poisson-robot est doté d’une « queue à double charnière capable de faire des virages serrés, ce qui ne serrait pas possible avec une hélice ». L’équipe scientifique affirme qu’il n’impacte pas la vie marine grâce à sa faible puissance sonore, due à une batterie – et non un moteur – dotée d’une autonomie de huit heures. La recharge se fait encore manuellement, mais l’objectif est que le poisson puisse s’auto-réalimenter.

A l’image des bancs de poissons naturels, les poissons SHOAL travaillent en groupe et peuvent couvrir 1km² d’eau, jusqu’à une profondeur de 30 mètres. Grâce à des ondes sonores basses fréquences, ils peuvent communiquer entre eux et avec des stations de réception disposées à plusieurs endroits du port. Grâce à ce système de communication, les poissons peuvent « créer une carte détaillée de l’évolution de la concentration de polluants » qui les entoure, ceci aidant les autorités portuaires « à localiser la source exacte du polluant ». Toutefois les poissons robotisés présentent un défaut : par l’utilisation des ondes à faible fréquence – qui pénètrent mieux l’eau – et non les traditionnelles ondes radio, la portée de leurs messages est fortement réduite, ils ne peuvent transmettre que « des messages courts et prédéfinis ».

Une commercialisation possible

Grâce au projet SHOAL, l’équipe de scientifiques a permis de démontrer la fiabilité en termes et détection des polluants et de communication, de leur poisson robotisé. Ils envisagent désormais de le vendre à d’autres ports d’Europe et dans le reste du monde. Pour le moment, le coût des prototypes s’élève à £20 000, l’équipe espérant qu’une production de masse fixe les tarifs plus bas.

Quant à Luc Speller, il envisage de faire plus que surveiller les niveaux de pollutions dans les ports, mais espère vivement voir se développer des initiatives en faveur de la surveillance de la qualité des mers et des océans grâce à des programmes de recherches. Kristi Morgensen, roboticienne à l’Université de Washington observe que « les planeurs sous-marins ont fait leur preuve dans la surveillance des eaux ouvertes », leur agilité ne leur permettant pas de se déplacer dans l’espace confiné des ports, ces robots pourraient suivre l’exemple des poissons SHOAL et représentent la voie à suivre. Elle déclare que « l’utilisation des robots sous-marins agiles pour les systèmes de surveillance de l’eau sera une chose dont la plupart des ports ne pourront plus se passer dans un avenir proche ».

Source : Civilisation2.org