La nature est bien faite, et chaque chose dans ce monde a un rôle bien particulier. Le castor en fait partie : véritable aménageur de rivière, il participe à la préservation d’un écosystème fragile avec un rôle essentiel. Pourtant, comme de nombreuse espèce, il est menacé avec l’homme qui empiète un peu plus chaque jour sur son territoire.
Quelle est la population de castors en France ?
Du XVIIème à la fin du XIXème siècle, le castor a disparu de nombreuses régions de France, du fait de sa destruction directe par l’homme, pour sa chair ou encore sa fourrure. De fait, l’espèce ne subsistait plus que dans la vallée du Rhône. Au début du XXème siècle, la population de castors du Rhône était estimée à quelques dizaines d’individus, uniquement localisés dans la basse vallée. Afin d’éviter son extinction, le castor fut protégé dès 1909 dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse. On peut estimer aujourd’hui que l’ensemble des effectifs devrait être compris en 10 000 et 12 000 individus.
En 2009, on comptait entre 14 000 et 16 000 castors en France. Cette population a continué de croître pour atteindre environ 20 000 individus en 2023, répartis sur plus de 18 000 km de cours d’eau (OFB).
Le réseau Castor, créé en 1987 et piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB), joue un rôle crucial dans le suivi et la protection de cette espèce en France. Ce réseau coordonne les efforts de surveillance et de collecte de données sur la présence des castors à travers le pays, permettant ainsi de mieux comprendre leur répartition et de prendre des mesures pour leur conservation.
Pourquoi les castors font des barrages ?
Les castors construisent des barrages pour plusieurs raisons essentielles liées à leur survie et à leur mode de vie. Voici les principales :
- Protection contre les prédateurs : en créant un étang, les castors peuvent se déplacer et accéder à leur lodge (cabane) en toute sécurité par l’eau, rendant difficile l’accès des prédateurs terrestres.
- Création d’un habitat stable : les barrages augmentent la profondeur de l’eau, ce qui permet aux castors de construire leurs lodges dans des endroits où ils peuvent se cacher et stocker de la nourriture en toute sécurité.
- Stockage de nourriture : les castors stockent des branches et des morceaux d’arbres sous l’eau près de leur lodge. L’eau empêche ces provisions de geler en hiver, assurant ainsi une source de nourriture accessible toute l’année.
- Régulation de l’environnement : en créant des zones humides, les barrages de castors favorisent la biodiversité, fournissant un habitat pour de nombreuses espèces d’animaux et de plantes. Cela peut également aider à réguler le flux des cours d’eau, réduisant les risques d’inondations en aval et améliorant la qualité de l’eau.
- Adaptation à l’environnement : les barrages permettent de contrôler le niveau d’eau des rivières et des ruisseaux, rendant ainsi leur environnement plus prévisible et stable face aux variations saisonnières et aux intempéries.
En résumé, les barrages des castors jouent un rôle crucial dans leur survie en offrant protection, stabilité, et ressources nécessaires tout en ayant un impact bénéfique sur l’écosystème environnant.
Le castor, un bûcheron hydraulicien
Cet étonnant rongeur, à la fois « bûcheron » et « hydraulicien », est un animal qui présente des caractéristiques particulières et inhabituelles d’aménageur de son écosystème. Le castor est par ailleurs de plus en plus considéré comme un auxiliaire efficace de l’homme dans ses opérations de renaturation, de génie écologique et de gestion différenciée des berges.
En effet, en inondant certains terrains, les familles de castors recréent et entretiennent des chapelets de zones humides s’alimentant gravitairement de l’amont vers l’aval. Ces milieux sont propices à l’épuration de l’eau et au développement de la faune et de la flore. Ces barrages, s’ils sont assez nombreux et importants, renforcent également l’alimentation des nappes phréatiques et favorisent une alimentation plus régulière des sources.
En régulant le débit des cours de l’eau, il diminue également et très efficacement les risques de sécheresse en amont de ses barrages. Au Canada, la réintroduction de castor canadensis dans l’Alberta, grâce aux petits barrages qu’il construit et entretient, a permis de faire fortement reculer le risque d’incendie et le stress hydrique des arbres.
Son travail empêche des catastrophe naturelles ou de nature humaine
Il y a quelques années, un barrage de castors canadensis a d’ailleurs empêché une marée noire dans cette région du Canada. La rupture d’un oléoduc en 2011 avait alors provoqué le déversement de l’équivalent de près de 28 000 barils de pétrole. Cette échappée de combustible a été stoppée en plein course par un barrage fabriqué par des castors. Le pétrole s’est déversé sur une bande d’environ 700 mètres de long sur 30 mètres de large mais a été isolé à environ 300 mètres d’un cours d’eau. « Il est vrai qu’un barrage de castors dans ce secteur a contenu le déversement », avait alors déclaré le ministre albertain de l’Environnement Rob Renner.
Au final, cet accident aura eu un « impact minimal sur la faune sauvage ». La mort d’une dizaine de castors et canards avait toutefois été déplorée. Preuve s’il en est encore besoin de l’importance de préserver cette espèce, comme tant d’autres !